ALLOCUTION
de Sa Béatitude l’archevêque CHRISTODOULOS
d’Athènes et de toute la Grèce
au moment de visiter la basilique Saint-Clément, pape de Rome,
où saint Cyrille, illuminateur des Slaves, est enseveli.
(15 décembre 2006)


Nous venons avec émotion à la basilique majestueuse sous le vocable du saint hiéromartyr Clément, évêque de Rome, qui, selon Eusèbe, a exercé son ministère de la douzième année du règne de Dométien à la troisième année du règne de Trajan (92-101), troisième évêque de la première et ancienne Rome, disciple de l’apôtre Paul et, selon certains, son collaborateur, deux fois cité dans son épître aux Philippiens (2, 25 et 4, 3).

Notre joie spirituelle a deux raisons :

La première, c’est qu’en visitant cette basilique nous nous trouvons devant la vénérable figure d’un homme apostolique appartenant au chœur de ceux dont l’apôtre Paul a écrit : « Il nous a fait la grâce, à l’égard du Christ, non seulement de croire en lui mais encore de souffrir pour lui » .

Ce divin et saint Père nous a laissé comme monument de son legs apostolique son épître aux Corinthiens où il règle le néfaste schisme survenu dans la communauté ecclésiale des Corinthiens à cause de la rébellion contre les anciens de quelques arrogants et querelleurs. Il y souligne la nécessité de discipline ecclésiastique et d’obéissance sans lesquelles l’hypostase ecclésiale est ébranlée et l’œuvre du Christ parmi les hommes est abolie. Il y consigne « la foi qui a été transmise aux saints définitivement » sur :

• Jésus Christ : qu’il est le Fils de Dieu et le resplendissement de sa majesté ; qu’il est devenu homme parfait ; qu’il a répandu son sang pour notre rédemption du péché et le salut du monde entier ; qu’il est ressuscité des morts ;

• Dieu : que les personnes de la vraie divinité sont trois ;

• la résurrection : que résurrection et jugement sont proches ;

• l’Église : que l’Église est le corps du Christ malgré qu’Il demeure tête et chef de l’Église ; c’est Lui-même qui a instauré la hiérarchie dans l’Église à laquelle qui les vrais chrétiens doivent du respect et, enfin,

• la sainte Écriture : qu’elle est d’inspiration divine donnée par l’Esprit Saint.

La seconde raison de notre joie spirituelle est notre pèlerinage en cette basilique et la crypte où se trouve le tombeau de saint Cyrille(† 869) grec de Thessalonique qui, avec son frère saint Méthode († 855), sont devenus les illuminateurs des Slaves. Ces grands et inspirés missionnaires grecs ont apporté la vérité évangélique aux peuples des Balkans et d’Europe centrale. Bien plus encore. De même que le grand législateur d’Israël a donné des structures et des valeurs constituant un peuple, de même ces deux frères ont inventé un alphabet et ont posé les fondements de formation en nations et peuples. Leur œuvre et leur contribution sont admirables et dignes de louange par nous et les gens du dehors. Car, ils n’ont pas fait disparaître les peuples, mais les ont aidés à se relever et à se développer conformément aux principes ecclésiaux, à la tradition et la spiritualité du christianisme oriental.

Nous nous prosternons devant le tombeau de ce natif noble et pieux de la Macédoine grecque et notre distingué ancêtre. Par ce pèlerinage, au nom de l’Église de Grèce et du pieux peuple grec aimant le Christ, nous lui rendons le dû hommage, à lui qui a servi le Christ, qui a réconcilié et uni des peuples par la force unificatrice de la foi en Christ et de l’amour mutuel auquel l’apôtre Paul nous invite aussi en écrivant : « Je vous y exhorte donc dans le Seigneur, moi qui suis prisonnier : accordez votre vie à l’appel que vous avez reçu ; en toute humilité et douceur, avec patience, supportez-vous les uns les autres dans l’amour ; appliquez-vous à garder l’unité de l’esprit par le lien de la paix. Il y a un seul corps et un seul Esprit, de même que votre vocation vous a appelés à une seule espérance ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui règne sur tous, agit par tous, et demeure en tous » .

En reconnaissant la grande contribution de ce missionnaire et ecclésiastique grec, et en témoignage de notre visite ici, nous déposons avec gratitude cet ouvrage, mosaïque reproduisant ses saintes figures, pour qu’elle proclame le respect et l’honneur que l’Église de Grèce et les Grecs partout dans le monde vouent aux saints Cyrille et Méthode, égaux aux Apôtres, Grecs de Thessalonique et illuminateurs des Slaves.